lundi 4 juin 2012

Ambivalence

J’aime ma fille. Plus que je me le croyais possible avant son arrivée. Je disais : « Moi, j’aime pas les bébés. Je veux fonder une famille, mais, avant 2 ans, les bébés, ça fait juste baver et vomir, c’est pas très intéressant. » Ok, J’étais un peu dans le champ gauche.  Pour les expulsions de liquides divers, ça j’avais raison.  Pour le reste, j’ai enfin rejoint le camp des croyants. Ma fille est une perle, un amour. Parfois, je pleure de joie juste à la contempler (pas souvent là, hein… j’vous jure!).  Même les bébés des autres me semblent maintenant dignes d’intérêts. Je les regarde et les compare  à la mienne. Poids, grandeur, mon bébé géant les bats tous à plate couture (22 ½ livres à 7 mois, qui dit mieux?). Je trouve leurs sourires charmants, et me demande de quoi aura l’air mon prochain. Ma fille sera dure à battre côté joie de vivre et beauté. Mais…

Mais il semblerait que je ne sois pas assez paranoïaque. J’imagine que ça fait de moi une mauvaise mère (je vois déjà les yeux de mon chum lui sortir de la tête. Relaxe, chéri, c’est une façon de parler). Quand ma fille mouche, je me dis qu’elle a un rhume, et que ça devrait durer 7 jours. Quand elle tousse comme une vieille fumeuse, j’appelle info-santé, et on me dit que « la toux, on endure ça 3 semaines, madame », alors j’endure, et ça passe. Et la fois suivant, je me rappelle de la calme infirmière du 8-1-1, et j’endure encore. Mais là, mon chum, (oui, encore toi, chéri) me dit qu’il est inquiet, « Rappelle donc au 8-1-1 pour être certaine ». Alors je rappelle. Et une nouvelle infirmière me dit qu’avec la description de la toux que je lui fais, il faut que j’aille voir un médecin. « Demain? », je lui demande. Non, aujourd’hui. Tout de suite. Maintenant.

La panique s’installe.  Je pleure. Culpabilité. Ma fille est malade, et je n’ai rien fait. À ce moment-là, j’ai oublié l’infirmière calme et ses bons conseils, j’ai oublié que le rhume dure souvent plus de 10 jours. Je suis passée en mode gestion de crise. On embarque les sacs dans la voiture. De la purée, des couches, un tapis de jeu, mon sac de tricot, 2 livres, un restant de tarte au citron pour nos estomacs qui n’ont pas vraiment déjeuner, on attrape tout ce qui semble utile pour camper à l’urgence. On réveille la poulette, qui dort tranquillement comme elle le fait tous les dimanches matins en revenant de la natation. Elle me semble soudainement bien fragile, pâle et maladive. Je ne la regarde pas trop, j’espère qu’elle se rendorme dans la voiture, ce qui n’arrivera pas, bien sûr.

Inutile de raconter dans le détail les 4 heures qui vont suivre. Triage, attente, ouverture du dossier, attente, déplacement vers la salle d’examen, attente, frustration, attente, colère, attente, découragement, examen expéditif, attente, radiographie, attente, verdict. «  Votre fille n’a rien, madame, elle combat un rhume, ça va passer » Regard oblique qui semble dire : « Encore une folle qui encombre les urgences avec les bobos imaginaires de son enfant ». Soupir. Retour à la maison. Bilan : la poulette tousse toujours comme une vieille fumeuse, et je suis maintenant fatiguée, frustrée et désabusée.

Comment faire pour être à la hauteur? Suis-je une mauvaise mère si j’assume que ma fille va guérir toute seule de son rhume? Si ça m’irrite au plus haut point d’avoir perdu une demi-journée à l’urgence pour rien? Pire, si je préférerais presque (j’ai dit presque!) que ma fille soit malade juste pour avoir eu raison de m’inquiéter? D’un côté, je dois rester calme, et de l’autre, je devrais davantage paniquer.
Il n’y a pas de conclusion à cette histoire. La vie continue. Ma fille va bien, elle tousse encore, elle a recommencé à moucher (façon de parler, puisque c’est plutôt maman qui la mouche…). Je suis toujours moi, un peu paniqueuse et en même temps un peu trop relaxe. Surtout indécise et démunie face à toutes les décisions qu’il y a à prendre à chaque jour quand on s’occupe d’un bébé.

1 commentaire:

  1. Bonjour ma soeur, je pense que tu es mieux d'avoir perdu une demi-journée à l'hôpital pour rien que de ne pas être aller du tout et que se soit grave. Et pour se qui est d'être une mauvaise mère, pas du tout. Est-ce que Grand-Maman Didi est allée à l'hôpital à tout les fois qu'un de nous toussait? non, et on est en santé et plein d'anticorps.

    Jolie photo de bébé bidou!!

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